Bandung | Little P[AA]ris ?

Je dois l'avouer, je t'avais peut être un peu jugé hâtivement. Je pensais de toi que tu ne satisfaisais pas ta réputation de ville historique et que tu t'étais vouée à rayonner dans le seul monde des affaires. Mais la seule visite de ta rue AA (comprendre Asia-Afrika) a su me faire changer d'avis. Si j'ai râté la conférence qui a eu lieu cette année sur le thème, je vais profiter de mon passage dans le coin pour faire un petit tour par le musée que tu dédis à cette relation qui a changé les rapports de forces du monde économique.

" Let a new Asia and new Africa be born. " 

Oops ! Il n'est pas encore l'heure. Je vais en profiter pour retourner profiter de ta place Alun Alun, non loin de là. Je ne sais pas la pourquoi, mais lorsque je suis passé là hier soir, je me suis senti à l'aise. Il faut avouer que les grands espaces publics ne sont pas légions en Indonésie. Alors je vais profiter de ce temps pour regarder vivre l'Indonésie.


Ce que je découvre en me rendant au musée, c'est une porte ouverte sur l'émergence du Tiers Monde ! A peine 10 ans après la proclamation d'indépendance de l'Indonésie, ce même pays a su trouver les forces pour que se tiennent une trentaine de pays, face aux puissances hégémoniques que représentaient les blocs Est/Ouest. Si les valeurs de l'Islam sont mises en valeur dans les explications du musée, cette entente n'a rien de vraiment religieuse puisque dans cet esprit de non alignement, l'idée majeure est déjà de vivre ensemble, dans la diversité. Ces pays - essentielement africains à l'origine - ont fait le choix de la neutralité et fait ainsi emergé le mouvement des non alignés quelques années plus tard. L'engouement es vif et se fait ressentir dans la presse internationale, qui titre MERDEKA pour exposer cette nouvelle autonomie au monde entier.


Bien que précurseurs, cette conférence s'en tient tout de même aux traditions des ses pays. Pendant que les hommes de pouvoir décident du nouveau sort de cette partie émergente du monde, les femmes apprennent à jour du angklunk ! Un peu plus loin, des photos de la marche symbolique du "Bandung Walk" entre l'hôtel et le lieu de la conférence d'alors. Chaque pas réalisé par ces dirigeants est alors symboliquement représentatif des étapes qui pourraient être déterminantes pour l'Asie-Afrique.


Bien que la majorité des documents n'est pas originale, l'ambiance et la frénésie de ce nouveau monde s'en ressent. Mais également la peine et les séquelles de ses moments sombres. Je dois avouer qu'en approchant la partie où il est question de la traite des esclaves et de l'apartheid, ma fierté européenne en prend rapidement un coup. Les images sont symboliques, les mots sont dérisoires. Un peu plus loin, une partie du discours me renvoit à notre réalité : "Conflict comes not from variety of skins, not from variety of religion, but from variety of desires."


Mais après un retour dans cette époque douée de sens, me voilà à nouveau dans le Bandung moderne. Et comme toute ville ayant envie de rayonner au niveau international, la ville s'est quelque peu laissée tenter par la fierté de son ambition. Résolument moderne, elle s'inscrit dans la logique actuelle des Smart Cities innovantes (à comprendre, villes intelligentes) et l'entrepreunariat est dans la tête de beaucoup des Bandungais. Certains locaux aiment la qualifier de florale, car elle leur est élégante (et cacherait aussi les plus belles filles d'Indonésie...). Quelques locaux aiment aussi la surnommer le Petit Paris. Si le parrallèle n'est pas évident a fortiori, les alentours du point kilométrique 0 laissent à penser que la ville s'est inspiré de la Parisienne ville des amours pour ses bancs, quelques allées enluminées et ses trottoirs floraux.


Comme chaque jour, il est l'heure du couché de soleil. Je rejoins alors Ridwan avec qui nous partons diner à la locale. Qui dit local, dit Street Food. Qui dit Street Food, dit qu'il ne vaut mieux pas s'attarder sur les mesures d'hygiène. Et si vous croyez que manger dans une rue d'Indonésie n'est pas un sport, attendez qu'un cafard accourt pour vous grimper dessus ! Qu'importe, notre plat terminé (à base de riz...), direction ce que les locaux appellent Punclut pour un café au dessus de Bandung ! Fraichement remis de mes émotions engendrées par ce cafard, je profite de ce dernier moment pour contempler les lumières de cette ville historique.


Bandung, je retire ce que j'ai dit sur toi. Finalement, tu m'es bien plus sympathique et je crois que s'il m'est offert de te revoir, j'y prendrais grand plaisir. Alors je te dis à très bientôt et je file maintenant pour ta grande soeur, Jakarta.

#Geoffrey

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