Linggiu | Ma vie au village

Lorsque le week-end arrive, AZ aime se rendre dans le village dont il est originaire : Linggiu. Au cours de mon voyage, j'ai pu noter à de nombreuses reprises le lien fort qui unie les différentes générations d'une même famille. Parfois, ce lien est si fort qu'il devient impossible de s'émanciper trop loin du foyer, notamment pour des raisons de solidarité avec les générations plus anciennes. Mais pour l'heure, direction Linggiu pour une immersion dans la campagne malaisienne.



Sur le chemin qui nous sépare de Linggiu, je note qu'une importante partie de la route est bordée par des champs de palmiers. Si j'avais entendu parler de ces exploitations - notamment pour l'huile de pâlme - je ne m'étais pas immaginé ce que cela représentait physiquement ! Sur des kilomètres, l'oeil à la fenêtre, je contemple donc avec interrogation cette jingle de palmiers. Je ne peux m'empêcher de penser aux récentes denses fumées toxiques qu'avaient provoqué la crémation des plantations de Sumatra. Si cet acte est coutumier, cette année les émanations de fumées ont été plus importantes que les années précédentes et ont eu pour conséquences de toucher la faune proche, ainsi que les villes de Malaisie, Singapour et de Java. Lorsque j'ai rencontré des exploitants d'huile de pâlme, ils m'ont expliqué que s'ils pouvaient exploiter l'huile de pâlme pendant presque 20ans après 3 à 5 années de maturation des plants, le plus rapide moyen de replanter des palmiers est de passer par la crémation des champs. Si je ne peux m'empêcher de penser aux politiques européennes menées contre l'huile de palme et à l'impact écologique, ou sur la faune (notamment les orangs outans), je me dois aussi comprendre que ces plantations sont décennales et représentent le seul moyen que certains ont pour gagner de l'argent.

Après un peu plus d'une heure de route, nous arrivons enfin à Linggiu. Ce village est plus que charmant ! Les fleurs qui bordent les rues donnent au paysage un air d'oeuvre d'art. Bien que la mère d'AZ - Rusnah- ait été professeure, c'est la première fois qu'elle accueille un occidental dans sa maison. Je me sens à nouveau privilégié. Elle vit ici avec l'un de ses trois fils, car son mari les a quitté quelques années auparavant. Je vois en elle la mère aimante et bienvaillante qu'elle a pu être avec ses enfants. Elle me partage quelques patisseries qu'elle a préparé spécifiquement pour mon arrivée. Curieuse de savoir quelle est ma vie, nous balayons les sujets les uns après les autres. Elle me demande également ce que je pense des récents évenements qui ont touché la France, notamment sur les raisons qui auraient poussé les terroristes à viser mon pays. Si elle reprend le nom autoproclamé d'Etat Islamique pour les définir, je préfère lui préciser que rien - dans ce mouvement - ne rattache ces personnes à l'Islam dont ils se disent les Mujaidines, sinon le Coran dont ils se servent sans respect pour essuyer le sang de leurs victimes. Nous partageons la même vision sur le sujet, mais je la sens peinée de voir sa religion blasphémée ainsi par des illuminés. Heureusement, il est l'heure du déjeuner et nous évacuons le sujet pour se concentrer sur des choses un peu plus légères. Voilà une nouvelle occasion de me réessayer à déjeuner avec les doigts. Un second essai un peu plus concluant que celui de Surabaya.


Sa nourriture est délicieuse ! Je tiens alors à lui faire goûter à mon tour quelque chose de simple, que j'ai l'habitude de préparer. Si je penchais pour un gâteau, le fait qu'elle me dise ne pas connaitre le crumble me facilite amplement la tâche. Plus simple pour moi, je m'en vais donc acheter quelques fruits, ainsi que les ingrédients dont j'ai besoin. Et me voilà parti pour préparer un délicieux crumble aux poires !



Une chose que j'avais quelque peu sous-estimé est la différence de saveur entre les ingrédients européens et malaisiens. Ici, le beurre est plus fort en bouche que le beurre, plus crémeux, que j'ai l'habitude d'utiliser. La farine goûte une céréale différente et le sucre blanc semble moins consentré. Soit, ce crumble aura donc un goût plus local que mon crumble habituel !


Ce goût plus "local" n'est pas vraiment à la hauteur de ce que je voulais partager avec la famille, mais chacun - à ma grande surprise - trouve que mon dessert est réussi. Je tente alors de camoufler ma petite déception pour savourer avec eux ce crumble (gras et trop sucré). La journée est presque terminée et nous repartons demain à la première heure pour Johor Bahru. J'en profite donc qu'ils dégustent leurs desserts pour récupérer mon linge, étendu à quelques mètres des cages à chats et à poules. Cet air chaud, ces habitudes, cet environnement, tout est différent de ce que je connais et ce vent de voyage me confirme que l'aventure se vit avant tout à travers les personnes que l'on rencontre.


#Geoffrey

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