Bali | Le Sydnéen de Londres

A peine après avoir quitté le Sky Garden Bali, je fais alors la connaissance de Bosco, un jeune médecin né à Londres et installé à Sydney. Nous partageons alors assez furtivement nos histoires respectives jusqu'à ce que je découvre qu'il était un de ces habitants du monde, libre et indépendant, vivant pour le voyage et la découverte. Après ce premier bon contact, il me propose de se retrouver pour dîner le lendemain et faire ainsi plus ample connaissance. Un peu perdu au milieu de ces rues qui s'entrecroisent, je lui donne alors rendez-vous devant le seul repère du centre ville que je connaisse : Le monument commémoratif (à proximité du Sky Garden Bali). Assez curieux de découvrir quelles sont les pensées d'un voyageur des temps modernes, nous nous laissons aller à discuter en arpentant les quelques rues adjacentes de Kuta.


Curieux de saveurs balinaise, nous cherchons donc un restaurant typique (autre que des warungs), mais nous constatons que la fréquentation étrangère a occidentalisé beaucoup de ces rues. En ne prenant que 100 mètres de rue du centre ville, on peut s'apercevoir que la majeure partie est monopolisée par les vendeurs d'accessoires touristiques, les bars à chanteurs de hit parades occidentaux, les scènes électro plus ou moins branchées et quelques restaurant "du monde" ... Autant dire que l'identité balinaise s'est un peu diluée au milieu de tout ceci et qu'il nous sera assez compliqué de trouver quelque chose de vraiment typique. Mais au détour d'une rue, après quelques dizaines de minutes de marche et de discussion, nous trouvons enfin ce que nous étions venus chercher.

Bosco me raconte alors qu'il a choisi de s'installer à Sydney car les conditions de travail y sont meilleurs qu'en Angleterre. Aussi, le statut qu'il y a trouvé lui permet de travailler en temps que vacataire, ce qui lui offre la possibilité de voyager dès qu'il le souhaite. Mais très vite, le sujet se recentre sur moi, sur le marketing que j'étudie et pratique, et sur le pouvoir de la communication. Bosco me questionne notamment sur le rôle des gouvernements à prendre des décisions pour le bien commun (en référence à la réglementation des paquets de cigarettes). Au delà d'un débat qui peut sembler poussiéreux, sa vraie question est de savoir qui peut concrètement décider de ce qui est bien ou mal pour l'ensemble d'une population ? Tout ceci résonne en lui comme une logique quelque peu communiste, que ses parents Hongkongais ont notamment voulu quitter en s’installant en Europe. Ce qui explique sans doute - également - sa vision plus responsabiliste et libérale... Notre plat principal terminé, le repas touche alors à sa fin (car il n'existe pas vraiment de tradition du dessert par ici) et nous reprenons notre marche nocturne en direction de Kuta Beach. Là bas, nous continuerons notre conversation et pourrons profiter du feu d'artifices, tiré chaque jour sur la plage (pour les touristes comme nous). 


Surprise ! La plage n'est pas éclairée... Nous nous rapprochons tout de même doucement de l'eau pour y tremper nos pieds et s'y (d)étendre un peu. La discussion prend un tournant résolument moins politique et aborde désormais le sens des relations. Notamment sur le sens des rencontres éphémères comme celles-ci. Hier soir, Made m'avait partagé - dans un autre registre - sa vision des relations sentimentales et des rencontres éphémères. S'il m'a confié que son célibat commençait à le peser, il pense profondément que le karma lui sera favorable un jour venu et qu'il trouvera la bonne personne. Bienveillance et pardon sont ses maîtres mots, sans pour autant jamais l'affirmer. Mais j'espère sincèrement qu'il dit vrai et que des personnes mal intentionnées ne profiteront pas de lui... 

Mais revenons en à Bosco ! Car à l'inverse de lui, je ne conçois pas qu'une relation se termine un jour, à moins de ne plus partager une vision commune ou complémentaire, de ne plus s'entendre ou de ne plus se plaire. Il m'explique que pour lui, le sens d'une rencontre ne se tient pas dans sa durée, mais dans l'instant vécu. Dans le moment consommé. J'y accorde peut être partiellement la même logique, en ce sens où l'important est de vivre l'instant sans penser à demain, mais je ne comprends pas la nécessite d'y mettre fin sans même attendre qu'elles s'effacent d'elles-mêmes. A ce moment, je sais déjà que je ne le recroiserais plus, sauf à le vouloir. Je tente ainsi d'appliquer sa vision libérale et de "consommer" ce moment de partage, sans réellement y poser des bases. Je ne m'attendais pas à ce qu'un voyageur du monde - amoureux des cultures et des rencontres - se limite à ce point dans les relations naissantes. Mais je crois que c'est une des choses que je suis venu chercher à l'autre bout du monde, des contradictions. Ceci ne fait donc que partie de l'expérience.

#Geoffrey

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